Le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) est un organisme national à but non lucratif qui existe depuis 2002. C’est l’organisme qui possède la licence LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) au Canada. LEED est un outil de conception et de certification qui permet d’améliorer le bien-être des occupants tout en atteignant un niveau élevé en termes de performance environnementale et de rendement énergétique. Cet outil encourage l’emploi de pratiques, de normes et de technologies éprouvées ou novatrices. Dans une optique de développement durable, quelle est la place du gaz naturel en matière de bâtiment LEED ?
Quelques définitions pour commencer
Il existe différentes certifications LEED : NC (nouvelles construction), CS (enveloppe du bâtiment, sans aménagement intérieur), EB (bâtiments existants), CI (aménagements intérieurs) et H (maisons).
Le CBDCa certifie un projet en fonction du nombre total de points obtenus après des vérifications et un examen indépendant de la documentation soumise par l’équipe de conception et de construction. Pour chacune de ces certifications, il y a quatre niveaux : certifié, argent, or et platine.
La grande majorité des projets certifiés LEED au Canada sont de nouvelles constructions à vocation publique ou commerciale (LEED NC).
La pondération pour la certification LEED NC
Pour la certification LEED NC, il est possible d’obtenir au maximum 70 points qui sont répartis sur 35 crédits. Une norme, un code ou une ligne directrice de référence permet de définir les crédits afin d’atteindre les objectifs clairement définis. Le tableau 1 résume les crédits et les points.
Tableau 1 – Pointage LEED NC
Crédits | Catégories | Points |
8 | Aménagement écologique des sites | 14 |
3 | Gestion efficace de l’eau | 5 |
6 | Énergie et atmosphère | 17 |
8 | Matériaux et ressources | 14 |
8 | Qualité des environnements intérieurs | 15 |
2 | Innovation et processus de design | 4 |
Professionnel agréé LEED | 1 | |
Total possible | 70 |
La place du gaz naturel dans un projet LEED
C’est dans la section « Énergie et atmosphère – ÉA » que le gaz naturel s’avère très présent. Les objectifs sont d’agir face à la problématique des changements climatiques, d’optimiser l’efficacité énergétique, d’encourager l’utilisation de sources d’énergie alternatives et renouvelables, et d’appuyer les protocoles de protection de la couche d’ozone. Dans cette optique, plusieurs crédits sont exigés (préalables). Ainsi, le préalable 1 (ÉAp1) est la mise en place d’une équipe de mise en service. Le préalable 2 (ÉAp2) consiste en l’atteinte d’une consommation énergétique infé-rieure à 25 % par rapport au Code modèle national en énergie du bâtiment (CMNÉB 97). Cette conformité doit être démontrée à l’aide d’une simulation énergétique. Enfin, le troisième préalable exigé (ÉAp3) est l’installation d’un système de CVAC sans CFC (gaz chlorofluorocarbone). Des 17 points admissibles, un maximum de 10 est attribué pour l’amélioration de la performance énergétique du bâtiment au crédit 1 (ÉAc1). Il suffit d’implanter des mesures d’économie rentables. La production d’énergie renouvelable, l’achat d’électricité verte ou bien l’installation d’un système de CVAC sans HCFC (hydrocarbure chloré et fluoré) offrent d’autres possibilités de points.
Selon le CBDCa et le système LEED, l’hydroélectricité de grande puissance n’est pas une énergie verte, puisque la modification d’un cours d’eau a un impact sur l’environnement. Le crédit est accordé si la mesure est conforme aux exigences de la certification Éco-Logo d’Environnement Canada. Quant au crédit « Énergies renouvelables – ÉAc2 », il fait appel à la production d’énergie et non à son utilisation. Par exemple, le chauffage solaire de l’eau ou de l’air n’est pas considéré comme de la production d’énergie renouvelable.
Dans ce contexte, en utilisant du gaz naturel, il devient possible d’accéder au même pointage qu’avec l’électricité. En effet, comme il est démontré au tableau 2, il est assez simple d’améliorer la performance énergétique juste en privilégiant un appareil à gaz plus efficace.
Tableau 2 – Effet de la sélection de la source énergétique
Énergie | Éfficacité de référence | Efficacité réelle | Gain LEED en génération de chaleur | |
Électricité | 100 % (plinthes) | 100 % (plinthes) | 0 % | |
Gaz naturel | 80 % | 90 % | (90 % – 80 %)/80 %=12 % |
Le projet du siège social de Gaz Métro
Depuis 2000, Gaz Métro souscrit à la certification ISO 14001. Afin de réduire son impact environnemental, elle a réalisé un projet de rénovation ambitieux de son siège social dans l’esprit du développement durable et de la certification LEED. Ce projet visait plusieurs objectifs :
- Améliorer la qualité de l’environnement de travail;
- Contrôler la croissance des coûts;
- Augmenter la performance énergétique et environnementale du bâtiment.
Les principales mesures environnementales
Une réduction de la consommation d’eau, l’accès au réseau de transport en commun ainsi que l’aménagement d’un stationnement pour vélos ont permis d’obtenir des points pour le crédit « Aménagement écologique du site ». Par exemple, la consommation d’eau a diminué de 20 % grâce à l’installation d’équipements performants : lavabos, toilettes et compteurs d’eau. Afin d’atteindre les objectifs du crédit « Matériaux et ressources », 80 % des déchets de construction ont été recyclés et ont permis de générer des économies de 50 000 $. De plus, chaque année, 150 tonnes de matières résiduelles sont récupérées (plastique, métal, papier, piles, etc.). Finalement, le mobilier a un contenu recyclé à 20 %.
Les travaux se sont échelonnés sur plusieurs mois en respectant des normes élevées de qualité de l’air intérieur. Toutes les fenêtres ont été dégagées, permettant de profiter pleinement de la lumière naturelle. Finalement, pour le crédit « Innovation et processus de design », tous les bureaux fermés ont des murs amovibles normalisés, facilitant ainsi le réaménagement des espaces selon les besoins.
Les crédits « Énergie et atmosphère » et le gaz naturel
Le bâtiment a été construit en deux phases : côté sud en 1967 et côté nord en 1984. La superficie totale est de 21 300 m2 dont 9 300 m2 pour les bureaux. Les deux sections utilisent les mêmes sources de chauffage et de climatisation.
Pour le chauffage et la climatisation, il y avait dans la chaufferie les appareils suivants :
- Deux chaudières vapeur de 4 000 000 Btu/h ;
- Deux refroidisseurs à absorption : un à feu direct de 250 tonnes et un à vapeur de 350 tonnes.
Avant les rénovations majeures, il y avait un système de ventilation à double conduit de 90 000 cfm dans le bâtiment sud. Un serpentin de vapeur alimentait le conduit chaud, et un serpentin d’eau glacée alimentait le conduit froid. La distribution aux boîtes se faisait à l’aide de contrôles pneumatiques traditionnels. Quant au bâtiment nord, un système -unique assurait la ventilation pour tous les étages (recirculation et air neuf) et la distribution se faisait à l’aide de contrôles pneumatiques. Il y avait aussi un réseau de chauffage périphérique. Dans ces conditions, la consommation énergétique était supérieure à 2,5 J/m2/an, d’où l’urgence d’apporter des modifications.
Les mesures d’économies d’énergie
Afin de maximiser la performance énergétique, les mesures suivantes ont été implantées :
-
Chaudières à eau chaude à haute efficacité;
-
Refroidisseur centrifuge de 500 tonnes à vitesse variable;
-
Variateurs de vitesse partout où c’est applicable;
-
Contrôle de l’éclairage;
-
Air frais pour la récupération et la génération d’eau glacée pour le bâtiment nord;
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Chauffage périphérique dans le bâtiment sud avec des convecteurs permettant un plus grand différentiel de température;
-
Distribution d’air avec un contrôle DDC, séquentiel, sans combat de charge;
-
Récupération de chaleur à l’aide d’une roue thermique et chauffage d’appoint à grande modulation (TEGA) dans la partie nord.
L’ensemble de ces mesures a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1 000 onnes annuellement. Avant 2006/2007, la consommation énergétique mensuelle variait entre 3 000 GJ et 5 800 GJ. Elle se situe aujourd’hui à environ 1 500 GJ par mois (0,85 GJ/m2/an), permettant des économies annuelles de 103 000 $.
Marie-Joëlle Lainé, ing.
Conseillère technique
Groupe DATECH
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