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Pour commencer, mentionnons que les quatre mesures d’efficacité énergétique exposées ici peuvent être mises en œuvre individuellement et générer des gains économiques et environnementaux intéressants. Toutefois, déployées conjointement, elles permettent de maximiser les économies d’énergie ainsi que la réduction des coûts d’exploitation et des émissions de GES.
La première mesure (et la plus attrayante en termes de réduction de la consommation de gaz naturel) consiste à protéger les agrégats fins des intempéries au moyen de dômes ou de hangars. Cette mesure simple et efficace permet de réduire le taux d’humidité des agrégats et a une incidence considérable sur la consommation d’énergie requise par le procédé. Par exemple, pour une usine qui produit 100 000 Tm d’asphalte par année, l’ajout de dômes ou de hangars stratégiquement positionnés sur les agrégats fins peut permettre d’éviter de chauffer plus de 1 000 Tm d’eau2. Dans ce scénario, les économies de gaz naturel peuvent atteindre 50 000 $ par an pour une période de rendement de l’investissement (PRI) avant subventions variant entre quatre et cinq ans3.
La micromodulation est également une mesure reconnue pour son efficacité. En effet, les brûleurs à bras de levier ou « linkage » des fours rotatifs ont souvent du mal à maintenir un mélange air-gaz optimal. Cela entraîne une baisse du rendement énergétique et, par conséquent, une consommation accrue d’énergie. Il en va de même pour les brûleurs qui chauffent l’huile thermique utilisée pour maintenir le bitume à haute température dans les réservoirs de stockage, où un contrôle suboptimal peut entraîner des pertes d’efficacité importantes.
La micromodulation repose sur l’utilisation de contrôles et de servomoteurs électroniques qui ajustent le ratio air-gaz dans le brûleur pour maintenir une combustion optimale du gaz naturel en tout temps, contrairement à un système traditionnel. À titre d’exemple, un brûleur de 100 MMBtu à micromodulation peut permettre des économies annuelles de l’ordre de 60 000 m3 de gaz naturel par rapport à un système à bras de levier durant la période annuelle de production d’une usine de 100 000 Tm d’enrobés bitumineux4. Quant à la période de rendement de l’investissement, elle peut varier de cinq à quinze ans5 selon qu’on remplace complètement le brûleur ou qu’on le modifie. Pour encourager cette mesure, Énergir offre une subvention6 pouvant aller jusqu’à 50 % des coûts admissibles dans le cadre du volet Implantation de son programme d’efficacité énergétique, ce qui contribue à raccourcir la PRI.
Pour jouer son rôle de liant entre les agrégats jusqu’au moment de l’application sur site, le bitume doit être maintenu à une température élevée, généralement au moyen d’un réseau d’huile thermique qui réchauffe indirectement le matériau. L’isolation de cette tuyauterie et des réservoirs est essentielle pour l’efficacité du réseau et, par conséquent, pour le maintien du bitume à la température voulue. Dans le cadre du volet Implantation de son programme d’efficacité énergétique, Énergir offre une aide7 de 1 $ par m3 de gaz économisé pour l’isolation de cette boucle si les critères d’admissibilité sont remplis. La rentabilité de cette mesure varie selon les exigences et les conditions de chaque site.
La quatrième mesure consiste à prévenir ou à colmater les fuites d’air dans le four rotatif afin d’améliorer l’échange thermique entre les différents composants. Les fuites d’air sont fréquentes dans les fours rotatifs et nuisent à leur efficacité énergétique, puisqu’il faut surchauffer la chambre pour atteindre la température voulue pour le mélange. L’excès d’air causé par les fuites affecte donc directement l’efficacité du four rotatif. Un protocole de détection et de colmatage des fuites est un excellent moyen de réduire les pertes de chaleur à peu de frais. D’autre part, il est possible d’équiper un four de matériaux isolants hautement performants pour prévenir les pertes de chaleur à travers l’enveloppe du four, comme l’explique notre collègue Omar-El-Rouby dans cet article.
Il existe plusieurs autres moyens d’améliorer le rendement énergétique d’une usine de production d’enrobés bitumineux, par exemple le choix de couleurs sombres pour les réservoirs et les silos d’entreposage ou l’installation de fours en milieu clos pour mieux gérer les variables environnementales; toutefois, ces solutions sont moins éprouvées que celles que nous venons d’aborder.
Cela dit, alors que la moyenne des usines canadiennes consomme environ 7,25 m3 de gaz naturel pour produire une tonne d’enrobés8, la mise en œuvre de mesures d’efficacité énergétique dans l’industrie a démontré sa capacité à améliorer, souvent considérablement, la rentabilité et le bilan carbone de la production d’enrobés bitumineux.
Pour terminer, notons que les sites désireux d’améliorer leurs performances énergétique et environnementale peuvent bénéficier d’un soutien financier et technique d’Énergir s’ils remplissent les critères d’admissibilité. Les modalités de nos programmes sont en constante évolution afin de mieux répondre aux besoins de notre clientèle. Nous vous invitons donc à communiquer directement avec l’équipe DATECH à [email protected]. Nous serons heureux de vous conseiller et de vous offrir un accompagnement personnalisé pour vos projets d’efficacité énergétique.
André-Olivier Piché, ing.
Conseiller principal expertises énergétiques
Guillaume Barrette, CPI.
Conseiller adjoint expertises énergétiques
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