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Au sein d’un même quartier, une boucle d’échange thermique agit comme un réseau de distribution d’énergie qui répartit les masses d’air chaud et d’air frais en fonction des besoins de chaque espace. Ainsi, en hiver, l’excédent de chaleur dégagé par un centre commercial, une usine ou un centre de données peut par exemple servir à chauffer un complexe multirésidentiel qui a besoin de cette chaleur. Les rejets de chaleur ou de froid d’un bâtiment deviennent des intrants pour le bâtiment voisin. La boucle comprend le centre de pompage, les sources de chaleur primaire, d’appoint ou d’urgence, ainsi que les pompes à chaleur décentralisées.
Cette mise en commun de l’énergie présente des avantages économiques et environnementaux pour chaque groupe impliqué dans un projet de boucle énergétique, et ces avantages créent un « cercle vertueux » dont chacun profite et fait profiter les autres. Le schéma présenté ci-dessous illustre bien cette idée voulant que si chacun met l’épaule à la roue, tous y trouvent leur compte.
Une boucle énergétique permet aux promoteurs d’améliorer considérablement la performance énergétique de leur projet. On estime en effet qu’elle peut mener à une réduction de 40 % de la consommation d’énergie globale comparativement au même projet sans boucle. Cette réduction de la consommation s’accompagne d’une réduction des émissions de GES, qui peut atteindre 75 % selon les plus récentes études. De plus, l’intégration d’une source d’énergie comme le gaz naturel renouvelable, l’aérothermie ou la récupération de chaleur issue des eaux d’égout, par exemple, peut permettre d’atteindre la carboneutralité.
Ces performances énergétiques et environnementales engendrent en retour une perception plus positive du projet, a fortiori si le promoteur obtient une certification attestant son rendement énergétique ou environnemental comme la certification LEED, ce qui favorisera les ventes ou les locations d’espaces aux clientèles visées. De plus, en intégrant, dès le départ ou graduellement, des sources d’énergie locales et renouvelables à une boucle énergétique, les promoteurs contribuent directement au développement économique de leur région.
Autre avantage notable, les projets qui font appel à une boucle énergétique sont admissibles à de nombreuses subventions, qui aideront à financer sa réalisation et à réduire la période de retour sur investissement (PRI).
Une meilleure performance énergétique de l’espace se traduit évidemment par une réduction de la facture d’énergie pour les propriétaires et utilisateurs des bâtiments. De plus, l’évolutivité d’une boucle d’énergie permet d’y intégrer graduellement des énergies renouvelables d’origine locale : biomasse végétale provenant de scieries ou d’usines de production de meubles, géothermie, énergie solaire, chaleur résiduelle issue de procédés industriels ou de centre de données. etc. À terme, les propriétaires peuvent donc bénéficier, en partie ou en totalité, d’une énergie propre et à faible coût.
Les réseaux énergétiques de quartier permettent d’une part d’assurer la fiabilité des opérations, évitant ainsi les difficultés d’accès à une main-d’œuvre qualifiée pour faire face à la complexité des nouveaux équipements et aux responsabilités accrues liées à l’entretien de certains éléments connectés aux systèmes CVAC centralisés (tours d’eau, réfrigérant). D’autre part, la centralisation des équipements permet de diminuer les frais d’exploitation et de libérer de l’espace qui pourra être utilisé pour optimiser l’utilisation des lieux ou les revenus de location, par exemple. De plus, une certification énergétique et/ou environnementale reconnue aura un effet positif sur la location ou la vente des locaux.
La réduction de la consommation d’énergie offerte par une boucle énergétique permet d’atténuer la pression exercée sur les réseaux de distribution, en particulier en période de pointe, minimisant ainsi les risques de surcharge et de bris. En réduisant la demande, les boucles énergétiques peuvent également permettre une diminution des coûteuses importations d’énergie et des dépenses liées à la mise à niveau des réseaux de distribution.
Les municipalités sont des acteurs de premier plan dans la lutte contre les émissions de GES et la plupart d’entre elles se sont dotées d’un plan d’action en ce sens. Les boucles énergétiques peuvent contribuer à l’atteinte de leurs cibles de réduction de GES et à une amélioration appréciable de la qualité de l’air, au bénéfice de tous les citoyens.
Par ailleurs, la réduction des rejets de chaleur dans l’atmosphère permet d’atténuer durablement les îlots de chaleur, une problématique commune aux régions fortement urbanisées qui a des conséquences directes sur la qualité de vie et la santé des résidents.
Les boucles énergétiques présentent également un intérêt économique, puisqu’elles constituent un débouché pour les biogaz issus de la valorisation des déchets domestiques et des boues municipales. Les usines de biométhanisation comme celles déjà en place à Saint-Hyacinthe et bientôt à Québec, peuvent générer des revenus et des emplois supplémentaires pour les municipalités et avoir un impact positif sur les émissions de GES, puisque le gaz naturel renouvelable ainsi obtenu est carboneutre et renouvelable à 100 %. De plus, en réduisant la quantité de déchets enfouis ou incinérés, les municipalités peuvent réaliser des économies appréciables tout en améliorant la qualité de l’air.
La mixité des usages est un élément clé de tout projet de boucle énergétique. Or cette mixité, associée à la capacité de stockage thermique d’une boucle énergétique, crée un profil de charge plus uniforme qui permet une production de froid et de chaleur plus économique et plus efficace. Les constructeurs et exploitants peuvent donc réduire leurs coûts et offrir aux propriétaires et locataires des tarifs d’énergie avantageux.
En outre, si la boucle énergétique se trouve dans une zone où le réseau électrique est fortement sollicité, les exploitants peuvent bénéficier de certains programmes d’aide financière en contrepartie d’une réduction de leur demande de puissance durant les périodes de pointe. Enfin, les constructeurs peuvent rentabiliser leur projet grâce aux différentes subventions disponibles (volets Nouvelle construction efficace et Innovation du Programme d’efficacité énergétique d’Énergir et plusieurs autres) et à la vente de crédits carbone.
En raison de leur potentiel de réduction des émissions de GES issues du chauffage et du refroidissement, de leur faible coût énergétique, de leur capacité à améliorer la qualité de l’air, à augmenter la part des énergies renouvelables et à réduire la dépendance aux énergies fossiles tout en augmentant la résilience des villes, les boucles énergétiques s’imposent désormais comme une solution de choix dans le développement des réseaux d’énergie thermique au Québec.
De plus, si elles exigent une planification et une conception rigoureuse, les boucles d’énergie créent une synergie bénéfique pour toutes les parties prenantes, ainsi que pour la population en général, en favorisant la mixité, la densité et l’efficacité des quartiers, conformément aux objectifs de développement durable poursuivis au Québec et dans le monde.
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