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La biénergie consiste à électrifier le chauffage d’un bâtiment tout en conservant le chauffage au gaz naturel. Aussi longtemps que la température extérieure est supérieure à -12 °C (ou à -15 °C pour les clients de l’Abitibi et du Saguenay), ce sont les équipements électriques qui assurent le chauffage. Lorsque la température franchit ce seuil, les équipements au gaz naturel prennent le relais pour réduire la pression sur le réseau électrique. Selon les équipements électriques utilisés et leur capacité, les économies de gaz naturel (et donc de GES) peuvent atteindre de 70 à 80 %.
Pour mieux comprendre comment cette solution peut s’appliquer concrètement, nous vous proposons un cas fictif de décarbonation dans une école, permettant de comparer les avantages de cette solution dans différents scénarios.
École secondaire utilisant une chaudière de 2000 MBH pour chauffer le bâtiment via un système hydronique. La chaudière consomme annuellement 90 000 m3 de gaz naturel. À l’exception de la chaudière existante, on part du principe que le rendement énergétique de l’école a déjà été optimisé (toutes les mesures rentables ont été subventionnées par nos programmes).
Hypothèses :
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100 % gaz | TAE standard | TAE efficace | Biénergie efficace | Biénergie efficace + GNR | |
CAPEX | 76 320,00 $ | 50 000,00 $ | 446 000,00 $ | 472 320,00 $ | 472 320,00 $ |
OPEX Totaux | 46 265,45 $ | 101 263,20 $ | 85 983,47 $ | 34 634,90 $ | 42 997,49 $ |
m3 | 90 000 | 0 | 0 | 18 102 | 18 102 |
GES (t/an) | 191 | 0 | 0 | 34,8 | 0 |
kW max chauffage | 0 | 395 | 395 | 190,5 | 190,5 |
kWh | 0 | 757 440 | 505 315 | 365 903 | 365 903 |
Comme l’illustrent les résultats ci-dessus, tous les scénarios présentent une réduction appréciable des émissions de GES. Puisqu'au Québec nous avons la chance de bénéficier d'une électricité propre, l’électrification complète permet d’éliminer la quasi-totalité des émissions du bâtiment. Cependant, l’électrification complète du bâtiment requiert plus du double de la puissance électrique par rapport au scénario de biénergie efficace.
Comment réduire les GES au même niveau que l’électrification complète sans pour autant monopoliser une puissance électrique trop importante en pointe hivernale ? C'est là que l'utilisation du gaz naturel renouvelable (GNR) devient pertinente. En combinant le nouveau programme biénergie et le GNR, nous obtenons une empreinte carbone similaire au scénario B (100 % électrique), sans pour autant utiliser toute la puissance électrique, parfois restreinte régionalement. De plus, la différence de coût énergétique annuel entre les options électriques (B et C) et l’option E est très appréciable. Dans le contexte énergétique actuel, cette économie de puissance peut permettre de réaliser un plus grand nombre de projets, et ainsi éviter au final le rejet d’une plus grande quantité de GES.
Afin de répondre aux demandes des petits et grands consommateurs qui désirent utiliser la biénergie pour décarboner le chauffage des bâtiments, le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et Énergir ont créé deux parcours de demande de subvention (simplifié et sur mesure). Les montants disponibles pour les 2 parcours sont décrits ci-dessous :
Parcours | Simplifié | Sur mesure |
Subvention | 80 % du surcoût | Minimum entre 80 % du surcoût ou 250 $/tonne de GES durant 10 ans. |
Maximum par projet | 150 000 $ | 3 000 000 $ |
Maximum par adresse | 250 000 $ | 6 000 000 $ |
Pour l’exemple présenté dans cet article, la subvention pour le passage à la biénergie serait de 390 500 $ dans le cadre du parcours sur mesure.
Le cas présenté ci-haut est relativement simple, cependant il est évident que pour un parc immobilier hétérogène et vieillissant, d’autres approches de conversion structurante vers la biénergie peuvent être analysées. On pourrait par exemple demander une subvention pour moderniser la ventilation et la climatisation d’une école – un scénario qui pourrait s’appliquer à grande échelle, compte tenu des besoins importants des établissements scolaires du Québec en la matière.
Ainsi, en partant de la même situation de base, il serait possible d’ajouter de la ventilation mécanique dans l’école en installant des unités à 100 % d’air neuf. Le préchauffage de l’air frais et sa climatisation pourraient être assurés par la récupération de chaleur et des thermopompes aérothermiques. Afin de minimiser l’espace occupé par les conduits de ventilation, un système à réfrigérant variable dit « VRF » pourrait être envisagé. Des ventilo-convecteurs installés dans les classes pourraient chauffer et climatiser l’enveloppe thermique via les nouvelles thermopompes. La boucle d’eau chaude existante du bâtiment serait plus que jamais utile : il serait alors possible de permuter vers le gaz naturel lorsque la température passerait sous les -12 °C (ou -15 °C pour l’Abitibi et le Saguenay) ou pour assurer le confort des occupants. De plus, le dimensionnement des thermopompes pourrait être uniquement axé sur la charge de climatisation. Il faudrait cependant calculer jusqu’à quelle température les unités pourraient fournir le chauffage afin d’évaluer correctement les GES économisés.
Cette configuration permettrait de chauffer ou de climatiser les écoles en fonction de la saison, en plus d’assurer la ventilation mécanique des classes. Puisque cet ajout de climatisation permettrait le déploiement de la biénergie, le surcoût associé à l’installation serait subventionnable à raison de 250$/tonne de GES ou jusqu’à concurrence de 80 % des investissements, un incitatif appréciable pour augmenter le bien-être des élèves et des enseignants, en plus d’améliorer la qualité de l’air intérieur et de réduire l’empreinte carbone du bâtiment.
Bien que fictives, les situations présentées dans cet article illustrent clairement le potentiel de la biénergie à des fins de décarbonation. Adossée à une analyse des besoins et à une étude de faisabilité, cette stratégie permettra aux gestionnaires et aux propriétaires de bâtiments commerciaux et institutionnels de franchir un nouveau cap dans la réduction des GES, avec tous les avantages qui y sont associés en termes de consommation d’énergie, de durabilité et de responsabilité sociale.
L’équipe Datech peut vous accompagner dans vos réflexions de décarbonation !
Pour en savoir plus sur la biénergie commerciale et institutionnelle,
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Martin Brière-Provencher.
Conseiller principal expertise énergétique
Groupe DATECH – Développement et assistance technique
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