Retour à l'accueil

9609

Transition énergétique : Montréal donne l’exemple en décarbonant ses bâtiments municipaux

Avec son Plan climat 2020-2030, la Ville de Montréal s’est fixée un objectif ambitieux : diminuer d’au moins 55 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, la Ville a mis en œuvre cinq « chantiers » d’intervention, dont la décarbonation de son parc immobilier. Quelles solutions a-t-elle adoptées pour y parvenir? Et comment la stratégie de décarbonation et les subventions d’Énergir soutiennent-elles la Ville dans ses efforts? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans cet article.

C’est au Service de la gestion et de la planification des immeubles (SGPI) de la Ville de Montréal que revient la mission de piloter la décarbonation des bâtiments municipaux. Pour ce faire, le SGPI a élaboré une stratégie qui repose sur trois grands axes :

  • la réduction des besoins en énergie grâce à l’efficacité énergétique;
  • la décarbonation au moyen de l’hydroélectricité;
  • et, à partir de 2030, l’achat potentiel de gaz naturel renouvelable (GNR) pour les besoins résiduels en gaz naturel dans certains bâtiments, le cas échéant.

Tout commence par l’efficacité énergétique

Pour améliorer l’efficacité énergétique de ses bâtiments, le SGPI mise sur trois types de mesures : l’isolation et l’étanchéification, la récupération de chaleur et l’installation de systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVCA) hautement efficaces.

« Chaque année, nos équipes de projet réalisent des centaines d’interventions pour diminuer les besoins en énergie de nos bâtiments », indique Benoît Paillé, ingénieur chargé de la planification de la décarbonation au SGPI.

Électrifier en partie ou en totalité

La stratégie du SGPI en matière d’électrification est claire : pour les bâtiments existants, des solutions 100 % électriques efficaces sont étudiées et la biénergie électricité-gaz naturel est envisagée en s’assurant que la consommation totale de gaz naturel résiduelle du bâtiment soit au maximum de 15 %. Les nouvelles constructions doivent quant à elles être à 100 % électriques.

« Nous avons des exigences extrêmement rigoureuses pour cette catégorie de bâtiments », explique M. Paillé. « Non seulement en ce qui concerne la source d’énergie, mais aussi en matière d’enveloppe et d’efficacité énergétique, avec des critères qui dépassent les normes du Code national de l’énergie, ce qui nous permet de garantir leur décarbonation ».

Le gaz naturel : une redondance énergétique pour les bâtiments de la protection civile

Dans le cas des bâtiments municipaux voués à la protection civile, comme les casernes de pompiers ou les centres d’hébergement, le gaz naturel sert non seulement à la gestion de la demande de pointe pour alléger la pression sur le réseau électrique, mais aussi à assurer une redondance à 100 %. « Ces bâtiments doivent être opérationnels 24 h sur 24, sept jours sur sept, même en cas de catastrophe naturelle ou de panne majeure comme celle que nous avons connue lors de la tempête de verglas de 2023 », souligne Dominic Desjardins, chef de section Énergie et immotique au SGPI.

Le GNR, partenaire de la décarbonation

Quant au GNR, et plus globalement aux gaz de source renouvelable (GSR), le SGPI envisage d’y avoir recours pour combler les besoins restants en souscrivant au service de fourniture de GNR1 d’Énergir pour la totalité de ses besoins en gaz naturel afin de continuer d’utiliser les chaudières à gaz naturel dans les années à venir. « C’est une des options dont nous disposons pour nous assurer d’atteindre notre objectif visant à ce que le secteur des bâtiments soit 100 % renouvelable d’ici 2030 », mentionne M. Paillé.

Aller plus loin avec la gestion de la demande de pointe…

En parallèle, le SGPI examine depuis un certain temps de nouveaux moyens susceptibles d’intensifier et d’améliorer la décarbonation du parc immobilier municipal, notamment la gestion de la demande et la sobriété énergétique.

« Nous voulons mieux gérer l’appel de puissance de nos bâtiments. En tant que garants de l’électrification efficace et de la décarbonation intelligente, nous devons trouver des moyens de ne pas surtaxer des ressources électriques qui sont déjà très sollicitées – ce serait contraire aux intérêts de la collectivité », explique Dominic Desjardins. « En déployant la biénergie dans les bâtiments existants où il est difficile de mettre en œuvre rapidement des solutions de remplacement, nous avons une solution concrète pour soulager le réseau en utilisant le gaz naturel en période de pointe et l’électricité la très grande majorité du temps ».

« D’autre part, l’électrification efficace doit aussi prioriser des technologies comme le thermopompage, ou encore le chauffage électrique central avec accumulateur de chaleur », note M. Desjardins. « Ces équipements offrent un rendement énergétique nettement supérieur aux équipements résistifs [comme les plinthes électriques], ce qui permet une décarbonation à moindre coût ».

… et la sobriété énergétique

Pour réfléchir à la façon d’intégrer la sobriété énergétique au parc immobilier municipal, le SGPI a commandité plusieurs projets de recherche visant à valider certains choix tels que la biénergie, et collaboré avec des experts comme le professeur Pierre-Olivier Pineau, un éminent spécialiste en gestion de l’énergie, et le professeur Yves-Marie Abraham, une référence dans le domaine de la décroissance et du développement durable. Ce travail a ouvert la voie à différentes possibilités telles que l’intensification de l’utilisation des bâtiments, la mutualisation de certains espaces existants (les gymnases, notamment), ou encore une réduction de la température intérieure de 1 °C l’hiver et une augmentation de 1 °C l’été – cette mesure fait d’ailleurs actuellement l’objet d’un projet-pilote dans une trentaine d’édifices de la Ville.

L’innovation pour élargir les horizons

Le SGPI s’investit également dans des projets innovants liés à la décarbonation : « nous participons entre autres à un projet de réseau thermique urbain, à une initiative très innovante de récupération de l’énergie du lixiviat du Complexe environnemental de Saint-Michel, et à un projet de géothermie à colonnes permanentes, en collaboration avec Polytechnique Montréal », raconte M. Paillé. « Même si ces projets ne sont pas directement liés au parc immobilier de la Ville, ils permettent d’ouvrir la réflexion sur de nouveaux moyens de décarboner nos activités ».

Collaboration et soutien d’Énergir

Comme on le constate, les stratégies de décarbonation du SGPI et d’Énergir sont cohérentes et reposent toutes les deux sur des solutions comme l’efficacité énergétique, la biénergie et l’achat éventuel de GNR. « Au niveau stratégique, nous partageons le même objectif et nous avons une bonne collaboration avec Énergir », confirme Benoît Paillé. Ce soutien s’exprime également au niveau des aides financières : « On sent qu’Énergir est là pour nous aider et optimiser les subventions que nous pouvons obtenir, y compris sur des projets complexes », remarque Charles Julien, un ingénieur du SGPI qui traite régulièrement avec Énergir dans le cadre des demandes de subvention.

Un objectif partagé

La décarbonation d’un parc immobilier municipal comme celui de Montréal est une tâche indéniablement complexe qui présente son lot de défis et de contraintes – notamment politiques, économiques et opérationnelles. Cependant, les efforts du SGPI et des autres parties prenantes impliquées dans cette démarche ont déjà permis de décarboner une partie des bâtiments de la Ville et plusieurs autres projets sobre en carbone sont déjà planifiés par le SGPI. Dans ce contexte, l’atteinte de l’objectif du Plan climat 2020-2030 de la Ville de Montréal semble plus que jamais réalisable, surtout quand les moyens d’atteindre cet objectif sont soutenus par l’ensemble des partenaires, dont Énergir.

Le nouveau complexe aquatique Rosemont : un exemple éloquent

Construit en 2018 (avant l’adoption de la stratégie de décarbonation du SGPI), ce nouveau complexe aquatique de 5 000 m2 comprend un bassin semi-olympique de huit corridors et un bassin d’acclimatation. Le chauffage du bâtiment est assuré par un système de géothermie et par deux chaudières à condensation alimentées au gaz naturel en appoint. Afin de réduire la consommation globale, plusieurs mesures d’efficacité énergétique ont été déployées, dont la récupération de chaleur sur l’air évacué et sur la chaleur dégagée par les compresseurs des systèmes de déshumidification, des détecteurs de présence dans certains secteurs, un éclairage efficace au DEL, ainsi que plusieurs variateurs de fréquence. Les projections de consommation énergétique tirées des simulations laissent envisager des économies de plus de 8 000 GJ, sur une base annuelle, soit une réduction d’environ 50 % de la consommation totale. À elles seules, les économies sur le gaz naturel pour le chauffage de l’air neuf, de l’enveloppe, de l’eau domestique et des bassins s’élèvent à plus de 200 000 m3 par année grâce aux différentes mesures d’économies d’énergie mises en place. Dans le cadre de son programme d’efficacité énergétique, Énergir a octroyé un montant total de 206 338 $ en subventions2 pour la réalisation de ce projet.

 

Pierre-Olivier Nadeau
Conseiller principal expertise énergétique

Martin Brière-Provencher
Conseiller principal expertise énergétique

Groupe DATECH

1 Le GNR et le gaz naturel fossile sont interchangeables et distribués par le même réseau. Ainsi, le GNR vendu au client par Énergir est donc l’attribution contractuelle à ce client d’une part du GNR qu’Énergir a acquis auprès de différents fournisseurs. Énergir ne peut garantir que le gaz livré à un client donné est physiquement du GNR.
2 Certaines conditions s'appliquent. Les détails et conditions d’admissibilité des programmes d’appareils efficaces et de nouvelle construction efficace sont disponibles sur cette page. Les conditions et les montants des subventions offertes sont modifiables sans préavis.

Continuez votre lecture